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Québec politique
La générosité variable
À propos du «blackface» au Québec
Pour un journaliste, c'est facile: pas lui.
Sortir de l'impasse
Une occasion ratée pour le Bloc !
Du Bloc et de son parti frère, le PQ !
L'enjeu majeur des prochaines élections fédérales
Alliance contre-nature
Tous des autonomistes ?
On veut du changement !
Élections, pièges à ... ?
Texte de Boucar Diouf, publié le 22 décembre 2015
(Humoriste, conteur, biologiste et animateur, il collabore régulièrement à la section Débats du journal La Presse)
Je suis de ceux qui se réjouissent de l'ouverture du Canada aux réfugiés syriens, car c'est une noble initiative que de donner une deuxième chance à tous ces gens qui semblent passer du purgatoire au paradis. Ceci dit, je trouve aussi que la récupération politique dont fait l'objet ce mouvement migratoire devient presque impudique. Elle provoque même chez une partie de la population un sentiment d'incompréhension.
Toutes ces cérémonies de « souvenez-vous des couleurs de ceux qui vous ont ouvert la porte » sont-elles vraiment nécessaires ? Ce besoin calculé de se faire du capital politique déguisé en cadeaux et autres facilités risque malheureusement de laisser une impression qu'il existe dans ce pays une ouverture à deux vitesses.
Toute cette attention médiatique orchestrée et ces discours qui ne parlent que d'ouverture et de générosité et qui laissent faussement croire que le Canada est une nation ouverte à tous les damnés de la Terre sont un peu exagérés. Il ne faut pas oublier qu'avant cette annonce d'accueillir 25 000 réfugiés, il y a eu une surenchère entre le Parti libéral du Canada (PLC) et le Nouveau Parti démocratique (NPD) pendant une campagne électorale. Et avant que ce concours électoral de générosité ne culmine, il y a eu des images d'un jeune garçon nommé Aylan Kurdi dont la scène de noyade a bouleversé la planète entière.
La décision d'ouvrir le Canada aux réfugiés syriens est donc avant tout politique et la présenter comme un simple geste de générosité est un peu tendancieux. Si l'humanitaire et le souci des vulnérables étaient la seule motivation dans cette histoire, pourquoi n'a-t-on pas pensé prendre 15 000 Syriens et 10 000 Africains parmi ceux qui s'entassent depuis plus de deux décennies et dans des conditions beaucoup plus précaires à Dadaab, au nord-est du Kenya ?
Des histoires dramatiques semblables à celle du petit Aylan Kurdi se passent régulièrement à l'abri des caméras dans ce qui est le plus gros camp de réfugiés du monde.
Qui a entendu parler de ce papa somalien qui a transporté le cadavre de sa petite fille pendant plus de trois jours dans un sac en plastique, juste pour avoir le réconfort de l'enterrer dans un territoire de paix ? Ce monsieur, qui depuis trois ans a arrêté de parler, s'est vidé de son essence vitale et attend d'être enterré à côté de sa fille. Ces gens fuient aussi les violentes exactions des Shebab, qui sont des terroristes aussi barbares que le groupe armé état islamique.
Il se peut aussi que mon sentiment soit exacerbé par le fait que ces réfugiés ressemblent beaucoup plus à mes parents que j'ai serrés dans mes bras, il y a deux semaines au Sénégal. C'est très humain. Sinon, comment expliquer que depuis trois décennies, des milliers de migrants subsahariens, incluant des enfants, crèvent dans la Méditerranée sans qu'aucun pays européen ne trouve autre chose que des camps-prisons pour souhaiter la bienvenue à la grande majorité des rescapés ?
Un jour, un ami rwandais m'a dit : « Connais-tu la différence entre toi et moi ? Toi, tu es un immigrant et moi, je suis un réfugié, et un réfugié ne magasine pas de pays, il cherche une destination. N'importe quelle destination qui peut l'éloigner de sa dramatique réalité est une bénédiction et un cadeau du ciel. Tout ce qui vient après, c'est un surplus. »
Fort de son enseignement, je crois qu'ouvrir généreusement les frontières du Canada à 25 000 personnes est ici le seul et véritable cadeau, et les sourires à la sortie des avions en disent long sur la gratitude profonde de ces gens envers leur pays d'accueil. Après, pourquoi ne pas laisser toute la place et les moyens aux groupes sociocommunautaires d'accueil et d'intégration qui seront les seuls à rester à leur côté lorsqu'ils seront confrontés à la dure réalité, à l'abri des caméras ?
À propos du «blackface» au Québec.
Le «blackface» et l'indifférence.
Article de Marc Cassivi, chroniqueur au journal La Presse (15 janvier 2015)
Au gala Les Olivier en 2013, Mario Jean s'était barbouillé le visage en noir pour imiter Boucar Diouf. À la première du spectacle 2014 Revue et corrigée, un comédien blanc, Marc St-Martin, y était maquillé en noir pour incarner le défenseur du Canadien P.K. Subban.
«Historiquement, le blackface a été utilisé au théâtre aux XIXe et XXe siècles, aux États-Unis et en Grande-Bretagne principalement, mais aussi au Canada, dans des spectacles de vaudeville afin de railler et ridiculiser les Noirs. Des comédiens blancs se maquillaient le visage en noir et adoptaient les archétypes racistes de l'époque.
Cette pratique méprisable a été abandonnée dans les années 60, avec l'affirmation du mouvement des droits civiques afro-américains. Aujourd'hui, à tort ou à raison, on considère généralement comme du blackface le fait pour toute personne blanche de se maquiller le visage en noir, peu importe l'intention et le contexte (l'Halloween, un événement sportif, etc.).
Quand Mario Jean s'est barbouillé le visage en noir pour imiter Boucar Diouf au gala Les Olivier de 2013, il s'est adonné, sans le savoir, au blackface. La question qui nous importe n'est pas tant de savoir ce qui se qualifie comme du blackface, mais bien s'il est acceptable, en certaines circonstances, de le pratiquer. Pour un sketch de 12 secondes donné par une troupe de comédiens blancs, par exemple...
Au Canada anglais, aux États-Unis et au Royaume-Uni, le blackface est considéré au mieux comme une maladresse, et de façon générale comme un geste à connotation raciste. Cela ne semble pas être le cas au Québec, où une majorité de commentateurs (francophones) s'exprimant sur la question ont traité ceux qui s'offusquent du blackface au Québec d'apôtres ridicules de la rectitude politique.
Dans la foulée des attentats contre Charlie Hebdo, bien des questions légitimes se posent à propos des limites à la liberté d'expression dans un cadre humoristique. Pourquoi serait-il acceptable qu'un homme imite une femme, mais pas qu'un Blanc imite un Noir? Est-ce que la définition du blackface n'est pas devenue trop large? Peut-on vraiment parler de blackface lorsque l'on ne se moque pas d'un Noir avec une intention raciste?
Ces questions méritent d'être posées sérieusement. Sans que l'on se traite, d'une part, de racistes, et de l'autre, d'hystériques. Une partie de la communauté noire québécoise, ainsi que plusieurs journalistes anglophones ont réagi vivement au sketch sur P.K. Subban. Les francophones ont plutôt réagi à la réaction. Ce n'est pas étonnant. Comme pour les caricatures de Charlie Hebdo, c'est une autre illustration des «deux solitudes».
Le Québec aura beau se conforter dans le relativisme culturel, il reste en Amérique du Nord une société distincte dans sa tolérance du blackface. Pourquoi sommes-nous si prompts, dans le Québec francophone, à repousser ce phénomène d'un revers de main comme s'il ne nous concernait pas ? Pourquoi sommes-nous si insensibles aux doléances de ceux qui nous disent être offensés par cette pratique, alors que nos voisins ont depuis longtemps statué que le blackface était inacceptable?
Peut-être devrions-nous aussi nous poser ces questions sérieusement ? Il y a eu, ici aussi, de l'esclavage et des spectacles de «minstrels» (où le blackface a été popularisé). Il serait peut-être temps de nous intéresser à ce que le blackface signifie pour une partie de la communauté noire québécoise, plutôt que d'en faire abstraction et ridiculiser ceux qui nous mettent en garde contre sa pratique, en nous gargarisant de notre ignorance et de notre indifférence.
Le blackface, qu'on le veuille ou non, a une connotation et une symbolique racistes. C'est une image forte, stéréotypée, chargée de sens, qui n'est pas sans conséquence. Elle fait référence à une époque où il était socialement acceptable de considérer les Noirs comme inférieurs. Pratiquer le blackface aujourd'hui, pour certains, équivaut à perpétuer une horrible tradition. Est-ce une exagération ? La question se pose aussi.
On préfère, au Québec, se moquer de ceux qui ont été insultés, plutôt que d'y réfléchir, évacuer le contexte historique pour mieux s'en abstraire. Exclure toute réflexion ou remise en question. Assimiler le blackface à un simple jeu de rôles ou à un déguisement comme un autre. En niant le symbole qu'il représente pour certains et en méprisant ceux qui tentent de nous l'expliquer.
Serait-ce céder au politiquement correct que d'interdire toute forme de blackface chez nous ? Peut-être. Le banaliser est certainement un manque d'égards (…).»
Pour un journaliste, c'est facile: pas lui.
Chronique de Pierre Foglia, publiée dans La Presse du 13 mars 2014. Réaction à l'arrivée de Pierre Karl Péladeau comme candidat du PQ aux élections.
«Pour un journaliste, c'est facile: pas lui.
Pour un souverainiste aussi, c'est facile: Zorro est arrivé héhé.
Pour un souverainiste de gauche, c'est déjà moins facile: c'est le dernier sur lequel on voudrait compter pour faire l'indépendance, mais vous voyez quelqu'un d'autre, vous?
Pour un journaliste souverainiste de gauche, oh là là!
Je suis arrivé au Québec disons un lundi il y a un peu plus de cinquante ans, le lundi soir j'étais souverainiste, le mardi dans la cuisine de la revue Révolution québécoise, Charles Gagnon (1) me posait la question: oui mais quelle souveraineté? On fera la souveraineté et puis quoi? On se la fera voler par les bourgeois? La souveraineté sera socialiste ou ne sera pas. Je simplifie mais c'était à peu près ça.
De l'autre côté de la rue, il y avait la cuisine d'une autre revue indépendantiste, Parti pris, animée par le poète Gérald Godin (qui deviendra ministre sous René Lévesque), Parti pris était peuplée de poètes, d'écrivains et vous savez comme les artistes sont insouciants, faisons d'abord l'indépendance, disaient-ils, on verra après. Je simplifie encore, mais c'est à peu près ça.
Le référendum honorablement perdu de 1980 donna raison aux poètes. Cela prenait non seulement la droite et la gauche, mais aussi un leader qui soit plus qu'un politicien, quelqu'un qui parle au coeur du peuple et apaise ses peurs. Lévesque parlait au cœur. Il fut incapable de vaincre la peur.
Après le référendum de 1995, cruellement perdu (par 50 000 voix), bien des souverainistes (dont je suis) firent plus ou moins leur deuil de l'indépendance. On ne retrouverait jamais des conditions aussi favorables, une coalition aussi large - Dumont, Parizeau et, à l'époque, un charismatique Lucien Bouchard.
Les Bernard Landry, André Boisclair, Pauline Marois qui suivirent n'ont abusé personne avec leurs piteuses conditions gagnantes, l'indépendance était sinon morte, moribonde, quand l'autre dimanche arriva M. Péladeau.
M. Péladeau que je déteste de tout mon cœur de journaliste.
Mais mon cœur de souverainiste, lui?
Il n'a fait qu'un tour, mon cœur de souverainiste. Voilà celui qui peut vaincre ce qui reste de peur. Celui qui par ses premiers mots comme politicien - mon adhésion au PQ est une adhésion à mes valeurs les plus profondes, les plus intimes, c'est-à-dire faire du Québec un pays - venait d'associer indépendance à réussite.
Et vous voudriez me ramener à la question que me posait Charles Gagnon il y a 50 ans?
Oui mais quelle indépendance?
M'en crisse. Fait assez longtemps qu'on désespère d'une dernière vraie tentative. Parce que ce sera la dernière, n'en doutez pas.
Personne ne m'a rien demandé mais je signe quand même à deux mains la lettre d'appui à Péladeau. Une petite gêne? Pouvez aller jusqu'à une courte honte. Je ne suis quand même pas en si mauvaise compagnie avec Lise Payette, Louise Harel, Gérald Larose, Gilles Duceppe, Marc Laviolette, Vivian Barbot, Jean-Paul L'Allier...»
Note: Charles Gagnon se joindra au FLQ peu après. à sa sortie de prison, il deviendra un des leaders du mouvement marxiste-léniniste opposé au nationalisme bourgeois et luttant pour une véritable souveraineté populaire. En 1995, il se prononcera publiquement pour le OUI au référendum sur la souveraineté-partenariat.
Pour rappel, Pierre Vallières et Charles Gagnon avaient fondé Révolution québécoise pour aller au-delà du nationalisme de Parti pris .
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Liens en rapport avec le sujet :
Article de M. Benoît LéGER, publié dans La Presse du 2 avril 2014. L'auteur est camionneur et habite la rive-sud de Montréal.
«Nous parlons constamment de la question nationale au Québec, et généralement en commençant par dire qu'on ne veut pas en parler. Notre refus de trancher entre les risques connus du fédéralisme et ceux plus incertains de la souveraineté commence à nous coûter cher. Nous n'en sommes pas encore là, mais à force de passer ainsi des péquistes aux libéraux, comme de Charybde en Scylla, nous pourrions nous retrouver dans la même situation que la Grèce.
Contrairement à ce que prétendent tant de politiciens et d'électeurs, je ne crois pas que c'est en mettant de côté la question nationale que nous réglerons les autres problèmes. Peu importe le dossier qui se présente, que ce soit l'aide médicale à mourir, le nouveau pont Champlain, ou la Charte de la laïcité, il ne se passe jamais un mois sans que la question du statut du Québec apparaisse en filigrane; l'éléphant dans la pièce, en quelque sorte.
C'est sans doute ce qui explique que contrairement à presque tous les pays démocratiques, l'opposition gauche-droite soit remplacée ici par une lutte entre souverainistes et fédéralistes. à noter que l'élection du Parti québécois d'alors demeure à ce jour le seul exemple d'un tiers parti qui a réussi à prendre le pouvoir au Québec.
Pourtant, depuis près 20 ans, tous les sondages nous ont dit que les Québécois ne veulent plus entendre parler de constitution ou de référendum. Ces mêmes sondages indiquent que c'est l'économie, la santé et l'éducation qui sont désormais en tête des préoccupations, et à juste titre, si l'on considère à quel point la classe moyenne perd progressivement de son pouvoir d'achat, en même temps que les services et les infrastructures se détériorent et que la dette se trouve hors de contrôle. Le Québec vieillit, s'enlise et il semble que le pire reste à venir
Mais lorsqu'un tiers parti comme la CAQ ou la défunte ADQ se présente avec une plate-forme principalement économique, en proposant des réformes majeures (avec lesquelles on peut être ou ne pas être d'accord) et sans aucun agenda sur la question nationale, il ne parvient pas à éveiller suffisamment d'intérêt pour espérer s'emparer du pouvoir.
Cela est certainement dû en partie au fait que tant les libéraux que les péquistes, qui lisent aussi les sondages, tentent de parler le moins possible de constitution, pour les premiers, et de référendum, pour les seconds, contribuant ainsi à garder la joute politique dans une alternance confortable. Une grande portion de l'électorat vote donc pour les uns ou les autres, selon le niveau de fatigue devant les mêmes visages qui sont là depuis plus ou moins longtemps, choisissant entre deux partis centristes, garants du statu quo. Pendant ce temps, on reporte aux calendes grecques (pour rester dans les métaphores helléniques) les réformes profondes qui sont nécessaires pour mettre fin à l'appauvrissement du Québec.
Comment sortir de ce cercle vicieux? Existe-t-il une troisième voie? Peut-être faut-il compter sur un accident de l'histoire. Imaginons nos deux partis traditionnels placés nez à nez le soir du scrutin et forcés de rebrasser les cartes en formant des alliances avec de nouveaux joueurs qui veulent vraiment faire changer les choses. Par exemple, un Parti québécois qui serait forcé de gouverner avec Québec solidaire pourrait devoir remettre à l'avant-plan la question nationale. L'alliance improbable d'un Amir Khadir et d'un PKP pourrait provoquer l'électrochoc dont nous avons collectivement besoin.
Mais à défaut d'un tel scénario, je reste persuadé qu'il n'y aura pas de place significative dans l'échiquier politique pour d'autres partis ou d'autres idées, tant que la question du statut du Québec ne sera pas remise au goût du jour et réglée une fois pour toutes.»
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Liens en rapport avec le sujet :
Une occasion ratée pour le Bloc ! (4 décembre 2008)
Le Bloc a perdu une occasion en or de réellement illustrer la fameuse différence québécoise et ce, dans le domaine de son champ d’action privilégié, le champ politique.
Sa prétention parfois grandiloquente à défendre uniquement les intérêts et valeurs du Québec, à être le rempart contre les visées bassement tacticiennes des autres partis, en prend pour son grade. En adhérant à ce projet de « coalition raboudinée », le Bloc n’a pas su élever le sens du politique : il participe au contraire au détournement et au court-circuitage des mécanismes démocratiques de la lutte politique, fait fi de ses principes et préfère laisser libre cours à un opportunisme politique de bas étage. Le Bloc vire de la chose politique qui est sa raison d’être, à la petite politique politicienne : ce faisant, il trouve le moyen de ressusciter l’animosité traditionnellement latente dans certains milieux du ROC, non seulement à son égard mais aussi, par ricochet, envers l’ensemble du Québec. Le Bloc veut-il faire renaître la vieille cassette du ressentiment national? Méchant calcul de tacticien primaire !
Le Bloc risque de réussir à effacer le capital politique qu’il s’était fait en matière de cohérence, d’intégrité, de respect de la chose politique et de ses institutions : il se met au même niveau que ceux qui sont passés maîtres dans l’art des « coups fourrés » et pourquoi ?...Pour quelques milliers de $ ?... Pauline Marois l’avoue d’ailleurs sans aucune gêne (« Pourquoi pas signer avec Dion, si ça peut nous rapporter des $ ? »)
Quelle bête illustration de la fin qui justifie les moyens !
Pour paraphraser le titre qui coiffait un article consacré au sujet de l’heure, « Les trois indécents », à savoir Jack Layton, Stéphane Dion et Gilles Duceppe, j'en rajouterais un quatrième,en l'occurrence Stephen Harper...Les quatre "desperados"?...
Texte de Jacqueline HEKPAZO
Du Bloc et de son parti frère, le PQ ! (10 octobre 2008)
À partir d’un texte du 10 octobre 2008 de Jean-François Lessard, auteur compositeur interprète, au sujet des dernières élections fédérales,voici quelques éléments tirés de sa réflexion d’alors et qui nous semblent pertinents à reconsidérer en cette période d’élection provinciale.
« (…) Autrement dit, voter Bloc, c’est voter pour que les gouvernements du Canada ne soient qu’une succession de libéraux et de conservateurs. Piètre calcul pour les progressistes que nous sommes (…)
L’indépendance du Québec, à mon avis, ne peut se faire que par un gouvernement provincial démocrate et progressiste. Alors, pourquoi, avant de faire cette indépendance, ne pas souhaiter qu’un gouvernement progressiste siège à Ottawa ? Car il va sans dire que le Canada sera le premier partenaire politique et économique d’un Québec indépendant. Certains indépendantistes radicaux croient que la succession de mauvais gouvernements à Ottawa constitue la meilleure tactique pour convaincre les Québécois de voter pour l’indépendance : c’est l’opinion de plusieurs "nationaleux" dont le machiavélisme n’a d’égal que leur mauvaise lecture de notre histoire récente. Car quarante ans de gouvernements libéraux et conservateurs à Ottawa n’ont pas encore convaincu les Québécois de voter en masse pour l’indépendance.
Je ne crois pas que l’indépendance se fera en claquant la porte du Canada parce que nous serons frustrés de son gouvernement d’alors. Je crois qu’elle se fera à la suite d’un long processus démocratique de questionnement collectif sur le Québec que nous voulons. Et la république québécoise pourra alors être partenaire avec le Canada au même titre que la France l’est avec l’Allemagne ou l’Angleterre (…)
Certes, le Bloc fait merveilleusement bien son travail de parti d’opposition et, la ferveur indépendantiste reculant, il s’est vidé de ses éléments les plus conservateurs qui ne sont pas chauds à l’idée de défier des gouvernements on ne peut plus de droite (…) Le député du Bloc de mon comté, Bernard Bigras, a tout mon respect quand à sa façon de défendre ses dossiers en environnement et en promotion de la paix.
Mais ne nous leurrons pas. Car s’ils sont progressistes à Ottawa et que nous les appuyons, les députés du Bloc retourneront leur veste durant les prochaines élections provinciales et n’hésiteront pas à nous pourfendre, nous de Québec solidaire, avec toute la force de leur machine électorale dont nos adversaires de droite péquistes profiteront allègrement.
Car, par obligation tactique ou par choix, ce n’est pas Françoise David que M. Bigras appuiera dans Gouin mais l’ancien bras droit d’ André Boisclair, le très néolibéral péquiste Nicolas Girard. »
En paraphrasant JFL, nous dirions ceci : si, selon la situation dans vos circonscriptions respectives, vous devez voter péquiste afin de bloquer les libéraux, prenez une grande respiration, faites-le et obtenez l’absolution en envoyant un don à… Québec solidaire !
Texte de Jacqueline HEKPAZO
L’enjeu majeur des prochaines élections fédérales (9 septembre 2008)
Alors que la participation canadienne dans la guerre américaine en Afghanistan est évacuée des thèmes favoris du débat, les enjeux résiduels majeurs des prochaines élections sont l’économie, la justice sociale, l’environnement et la gouvernance. Le spectre d’une récession économique à nos portes, la détérioration du pouvoir d’achat des consommateurs, la croissance de la richesse d’une minorité privilégiée inversement proportionnelle à la multiplication du nombre de ménages vivant sous le seuil de la pauvreté, le paradoxe de la responsabilité versus comptabilité environnementales et celui de la souveraineté nationale, dessinent dans mon champ visuel les couleurs vives du combat de chefs.
Le défi du débat sera non pas d’être convaincant dans l’un ou l’autre de ces thèmes, plutôt de faire la démonstration que globalement on offre un package visionnaire rassurant quant à l’avenir proche, lointain et durable du niveau de vie des Canadiens. Il s’agira pour Harper, non pas de mettre en contexte l’inapplicabilité de sa propre loi sur les élections à date fixe et son intégrité, plutôt de faire dire aux faiseurs d’opinions que l’alignement inconditionnel d’Ottawa à Washington n’est pas si pire et que le rêve d’un Canada souverain est, depuis le départ de Trudeau, irréaliste et insoutenable comme celui de la séparation du Québec après Lévesque. Il s’agira par contre pour Stéphane Dion, en partie de leur vendre la résurrection de Stephen St Laurent, Pearson, et Trudeau, en plus de marier la diplomatie, l’environnement et la solidarité à l’économie et à la sécurité. Laborieux et irrationnel, mais pas inimaginable ! Oui, il faudra presque de la magie pour restaurer l’esprit démocratique, la culture de bonne gouvernance et la vision « Canada » à Ottawa. Ce en quoi le professeur Dion pourrait surprendre et prendre de revers le conservateur Harper.
Sommes toutes, qu’en importe l’issue, ce scrutin au fédéral sera le test de l’esprit fédéraliste et souverainiste canadien, et permettra de jauger la capacité de réincarnation des bâtisseurs historiques du pays.
Texte de François Munyabagisha
Alliance contre-nature (Mars 2007)
Québec solidaire ne pourra pas s'allier au Parti québécois puisque la raison d'être à la base de QS est la rupture avec les partis traditionnels identifés au PQ et au PLQ.
QS est coincé dans sa rhétorique,un peu à la façon d'une gauche traditionnelle(une certaine "pureté" idéologique).Tout comme le PQ,car ce dernier a rejeté Pauline Marois et avec elle, la politique d'alliance qu'elle proposait de faire avec QS,le temps d'une élection (partage de circonscription éventuel).
QS ainsi que le PQ ne voudront pas être accusés d'opportunisme électoraliste car c'est ce qu'ils dénoncent du PLQ et de l'ADQ!
De plus, la position de SPQ libre(proche des idées de QS) au sein du PQ est de dire :oui à QS, mais à l'intérieur du PQ comme autre "club" politique ou au sein de SPQ libre.
Texte de Jacqueline HEKPAZO
Tous des autonomistes ? (Mars 2007)
Il existe différents statuts d’autonomie politique : province autonome, État autonome au sein d’une fédération ou bien État associé. Chacun de ces statuts a des caractéristiques particulières.
Les provinces autonomes n’ont pas le droit d’obtenir leur indépendance sans l’approbation de l’État central. Dans une fédération, le gouvernement fédéral a plus de pouvoir en ce qui concerne les affaires communes à tous les citoyens membres de la fédération telles que les affaires extérieures, la défense et la protection de l’environnement. Les gouvernements autonomes ont plus de pouvoir sur les affaires locales telles que l’éducation, les affaires culturelles et les services sociaux.
Dans une relation d’État associé, chacune des parties peut décider de rompre unilatéralement le lien qui les attache. Ce type d’arrangement est en général fondé sur un bénéfice mutuel.
Le degré d’autonomie d’un gouvernement au sein d’un ensemble dépend du partage des responsabilités : c’est aux trois principaux partis que revient la tâche de le définir clairement !
Texte de Jacqueline HEKPAZO
On veut du changement ! (Octobre 2006)
Depuis 30 ans que je suis au Québec, les mêmes défis perdurent, quels que soient les gouvernements successifs. Je comprends que les enjeux en cause ne peuvent se régler facilement : attentes dans les urgences et listes d’attentes en santé, multiples réformes et sous financement en éducation, place du Québec dans la Constitution canadienne ou référendum sur la souveraineté, partie de « souque à la corde » entre le Fédéral et le Provincial, rapatriement de points d’impôt et baisse d’impôts, moins de taxes ou plus de taxes, crises prévisibles dans le secteur primaire de l’économie ( textiles, forêts, mines, agriculture), dénatalité et vieillissement de la population, mal- développement de certaines régions, intégration et sous- représentation des immigrants non blancs, pour ne nommer que les plus récurrents. Ces enjeux forment un véritable bric-à-brac d’éléments qui sont « pris à la pièce » lors des campagnes électorales et qui oscillent selon l’opinion publique du moment. Le parti Québécois pourra-t-il « changer la donne » et offrir une vision d’ensemble emballante de la société ? Pas celle d’un Québec étriqué qui tourne en rond.
Le projet de souveraineté est un projet de changement radical. Étant donné la prudence légendaire des peuples quels qu’ils soient, l’information et la communication apparaissent comme les conditions préalables à un tel bouleversement. Contrairement à ce que prétendent messieurs Duceppe et Boisclair, les cachotteries stratégiques ne « tiendront pas la route » : pour un changement radical et responsable, il faut avancer « visière levée » !
Texte de Jacqueline HEKPAZO
Élections, pièges à ... ? (septembre 2006)
Les Québécois étaient insatisfaits du gouvernement Landry.Ils ont élu le gouvernement Charest et ils sont toujours insatisfaits. Ils risquent de le demeurer encore longtemps car les enjeux pour lesquels les libéraux ont été élus sont loin d'être réglés et ne se régleront pas du jour au lendemain : la place du privé dans la santé, le financement de l'éducation post-secondaire, le rôle de l'État en général, les impacts sociaux et environnementaux des différentes politiques, le débat national. Ceci sans compter "l'air au-dessus de leurs affaires" de plusieurs ministres libéraux (aux yeux des libéraux tout comme ceux des péquistes à l'époque, s'ils sont impopulaires, c'est la faute des électeurs qui ne comprennent pas qu'on les gouverne pour leur bien!).
C'est donc malheureusement la même culture politique traditionnelle dans laquelle on baigne.
Selon Jean Charest, l'enjeu des élections de 2003 était "la gestion du changement"...
André Pratte écrivait ceci dans un éditorial (19 octobre 2002) : "Le changement radical et responsable :voilà l'enjeu des prochaines élections." Quel bilan en tirer ? Et à la veille de prochaines élections, quel parti pourra relever ce défi ?
Texte de Jacqueline HEKPAZO